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La voie de la nuit

28 Janvier 2024, 12:07pm

Publié par Pascal Tresson

La voie de la nuit

Tableau de la maître pastelliste Violette Chaminade sur le poème "La voie de la nuit (Yeibichai)" tiré du recueil La beauté fasse que je marche, librement inspiré des rituels navajos et qui cherche un éditeur. Le texte a été interprété par la troupe de musiciens Les parleurs de nuit lors des Rencontres internationales Guitare et Patrimoine de Sedan.

 

La voie de la nuit

 

Les Parleurs de Nuit crient pour combattre l’ombre et le froid.

Ils affirment qu’il faut la fumée des tambours qui créent et détruisent le monde au rythme de leurs pas.

Ils affirment quitter l’humus lourd et gras de leur corps.

Ils affirment qu’ils vont marcher, loin des papillons sacrifiés au cœur du labyrinthe.

Ils cherchent vers le nord la porte étroite du deuil et la voie de la nuit.

    

Les Parleurs de Nuit scandent les notes d’ivoire des étangs.

Ils nient la faconde fade des esprits lavés et battus, lissés et empesés, neige et linges blafards qui se figeraient dans le marbre.

Ils répètent à l’envi leur glose incandescente, mêlant maximes et sentences, apophtegmes et quolibets.

Ils répètent le flux du mercure dans le miroir à l’apogée de leurs calculs.

Ils répètent lunaisons et orbes des planètes, s’efforçant à délier, novices, les crosses des fougères.

Ils répètent l’écho des cristaux et des flûtes.

Ils psalmodient leurs mélopées consommant le cercle ineffable du crépuscule à l’orient.      

 

Les Parleurs de Nuit énoncent les chemins multiples de leur âme.

Ils dévoilent le chant du rouge-gorge vers l’aurore.

Ils dénient au volcan son droit funèbre d’épanchement.

Ils dévoilent l’odeur sanguine des pivoines.

Ils dévoilent l’empreinte éblouie dans les chroniques de lumière.

Ils dévoilent les fleurs sulfureuses des chairs.

Ils dévoilent les grappes incarnates d’étincelles et leurs danses.

Ils dévoilent l’étoile flamboyante en leurs mains.

Ils prononcent l’union des roses et des braises à l’occident de leur liesse.

 

Les Parleurs de Nuit s’entendent et s’écoutent, accordant leurs paroles alizées. Ils tendent l’arc-en-ciel d’une flèche turquoise immobile. Un iris peut éclore dans le triangle de leur front quand, par trente-trois fois, ils ont honoré les quatre horizons des graines et du pollen. Ils s’entendent et se répondent et leur haleine vers le sud se fond à l’unisson du luth.

 

Les Rêveurs dessinent alors sur le sable l’image de l’endroit qui tremble.

Reproductions interdites sans l'accord des auteurs

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